A l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes, retour sur deux études récentes sur l’évolution du nombre de donneurs liée à l’augmentation des décès par overdoses d’opioïdes aux Etats-Unis.
La première étude, une enquête observationnelle prospective, a étudié les données issues du registre scientifique des receveurs sur la période de janvier 2000 à septembre 2017. Elles concernaient 138 565 donneurs décédés, 337 934 greffes d’organes dans 297 centres de transplantation. La première donnée analysée était le mécanisme de décès du donneur : overdose (DO), trauma (DT), ou conditions médicales (DCM).
La survie du patient, celle du greffon et le rejet de greffe ont été relevés également en évaluant les différences de risque selon le mode de décès du donneur. Un total de 7 313 de donneurs décédés par overdose pour 19 897 greffes (10 347 greffes de rein, 5707 greffes de foie, 2471 greffes de cœur, et 1372 greffes de poumon ont été identifiés. Parmi les résultats principaux : les donneurs DO représentaient 1,1 % des donneurs en 2000 et 13,4 % en 2017.
La survie à 5 ans des receveurs était quasi équivalente que les greffes proviennent de donneurs DO, DT et DCM. La survie à 5 ans du greffon était équivalente chez les donneurs DO et DT. Le taux de rejet de greffe de rein était plus haut chez les DO que TD (score de différences de risque, 5,2 %) et que DCM (1,5 %), une différence pondérée lorsque l’exposition du donneur à l’hépatite C était prise en compte.
Source : ″The drug overdose epidemic and deceased-donor transplantation in the United States: a national registry study″
Annals of internal medicine
15 mai 2018
Dans la même mouvance, un article du British Medical Journal proposait la synthèse d’une enquête sur l’origine des donneurs et greffes enregistrés sur une période de 17 ans aux Etats-Unis, comparées aux données du registre Eurotransplant, un collectif de centres de greffe présents dans huit pays d’Europe.
La part des greffons issus de donneurs décédés par intoxication médicamenteuse a été évaluée. Les taux de survie post-transplantation de cœur et de poumon parmi les receveurs ont été évalués également, ces organes étant particulièrement sensibles aux lésions ischémiques associées à l’hypoxie ou hypotension, deux conditions relevées régulièrement chez les personnes décédées par intoxication médicamenteuse.
De 2000 à 2016, au moins un organe a pu être prélevé auprès de 103 805 donneurs en état de mort cérébrale aux Etats-Unis et auprès de 27 661 donneurs en état de mort cérébrale issus d’Eurotransplant. Aux Etats-Unis, la proportion des donneurs décédés par intoxication médicamenteuse est passée de 1,2 % en 2000 à 13,7 % en 2016, cette augmentation étant pour l’essentiel responsable de l’augmentation constatée en termes de greffes d’organes observée en 5 ans. Par contraste, les donneurs décédés par intoxications médicamenteuses n’avaient pas augmenté au sein d’Eurotransplant et le nombre de donneurs est resté stable (1 566 en 2000 contre 1 421 en 2016.
Source : ″The drug-intoxication epidemic and solid-organ transplantation″
New England Journal of Medicine